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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 00:38

Trois semaines révolues déjà depuis cette course et je tarde à poster un simple compte rendu.

Pour ma deuxième participation à ce cent-bornes, j’ambitionnais un temps entre 10 et 11 heures en suivant la méthode Cyrano 9/1, soit neuf minutes de course suivies d’une minute de marche rapide.  C’est à Steenwerck en 2011 que j’avais réussi ma première tentative sur cent kilomètres, en 10h42, à ma grande surprise.

DepartSteenwerck2013.JPGJe suis parti sur des bases de 9h30 pendant les deux premières heures, alternant marche et course comme une horloge, puis j’ai été saisi d’une diarrhée incoercible entre les kilomètres 20 et 45 qui m’a obligé à m’arrêter 5 ou 6 fois, en perdant chaque fois entre 4 et 6 minutes. Je suppose qu’un des aliments ou des boissons proposés aux ravitaillements ne m’a pas réussi. Par élimination, je suis arrivé à la conclusion que le jus d’orange était responsable de cette défaillance. Je suis donc revenu sur le coca et l’eau gazeuse.

Après cet incident, j’ai décidé d’oublier le Cyrano et de courir en permanence sauf à la sortie des ravitaillements, où je marchais entre 2 et 10 minutes. La courante m’ayant fait perdre beaucoup d’eau, j’ai souffert d’une soif inextinguible jusqu’au kilomètre 65. J’ai bien vu que je passais environ 3 à 4 minutes à chaque ravito, une perte de temps habituelle pour moi qu’il faudra bien un jour que je corrige, mais j’avais sérieusement besoin de boire.

Vers le kilomètre 65, j’ai connu un net regain de forme pendant environ 18 kilomètres. J’ai terminé assez lentement, à un rythme régulier, sans trop souffrir, et même plus frais qu’à l’arrivée des deux cent bornes courus en 2012. Je ne sais pas si le marathon de Londres, couru 17 jours plus tôt, était encore dans mes jambes ; je dirais que non, et que ce temps modeste de 11h42 consolide ma capacité à terminer un cent kilomètres (5 courses finies en 5 tentatives) et illustre des problèmes récurrents de gestion des ravitaillements et de la fatigue.

 

Je posterai prochainement, dans un autre article, les données chiffrées recueillies sur la course qui illustrent ma baisse de régime. J’ajouterai quelques remarques sur l’épreuve de Steenwerck, qui reste pour moi très intéressante non seulement en termes de logistique mais aussi pour la qualité de l’ambiance et de l’accueil.

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 11:50

Je prends ce matin l'Eurostar pour Lille afin de me rendre aux 100 km de Steenwerck.

Je suis inscrit à la course du soir dont le départ est donné à 19 heures.

panneau steenwerck 2En terme de préparation, je n'ai bénéficié d'aucun entrainement spécifique. Je compte sur la prépa effectuée pour le marathon de Londres, terminé il y a deux semaines, en particulier sur le volume important encaissé cette année plus que toute autre, assorti d'un peu de vélo de route. Ma stratégie de course demeure d'une simplicité biblique: je cours en Cyrano 9/1, l'alternance de marche et de course étant facile à suivre sur le simple chronomètre que je porte. Mon objectif est de terminer en un temps compris entre 10 et 11 heures. Une marque légèrement meilleure que mes 10h42 me satisferait. Evidemment, je garde en tête mon Everest personnel qui est de passer sous la barre des 10 heures.

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 09:06

Cette course était mon quatrième 100 km. Je termine en un temps modeste de 11h31, avant-dernier d’un peloton confidentiel composé aux trois quarts d’internationaux courant sous les couleurs des Home Nations (Angleterre, Pays de Galles, Ecosse) et de l’Irlande.  Le dernier finit en 11h40, soit vingt minutes avant le temps limite de 12 heures.

Je n’avais pas prévu la météo, assez rude pour un cent-bornes : la température, d’environ 17 degrés au départ à 7h30 du matin, est montée rapidement vers les 25 degrés. C’est le soleil persistant et le manque d’ombre qui se sont révélés causer les  plus grosses difficultés d’adaptation pour tous les coureurs : 33 partants et 26 arrivants, la majorité des abandons étant le faits d’amateurs modestes comme moi.

Le vainqueur irlandais termine en un bon temps de 7h16 sur ce circuit ultraplat de 3,110km à parcourir 32 fois. La première féminine, Emily Gelder, finit en 8h05.

Je rédigerai plus tard un  compte-rendu détaillé comportant en particuliers tous les temps intermédiaires. On y verra une nette et prématurée baisse d’allure avant la fin de la quatrième heure ainsi qu’une tendance habituelle à s’attarder aux ravitaillements.

Je suis plutôt satisfait de cette course, mais je ne pourrai pas la recourir de si tôt : la date et le lieu changent tous les ans, ce qui rend la planification difficile : je ne me suis décidé qu’environ trois semaines avant le jour de la course. Tenue en 2012 au Pays de Galles, en 2013, l’épreuve se déplace vers l’Irlande, donc je n’y participerai pas, et elle ne revient en Angleterre qu’en 2014.

J’ai décidé de ne plus courir d’ultra en compétition jusqu’au printemps prochain. Je veux me recentrer un peu sur le marathon afin de courir un bon marathon de Londres en avril 2013. Je n’ai pas abandonné le projet de courir un marathon sur piste. Je compte par ailleurs renouer avec le semi sur piste, pas couru depuis fin 2010.

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 08:22

Cette course est l’unique cent-bornes sur route dans les iles britanniques et fait par la même occasion office de championnat de Grande-Bretagne de la distance depuis environ une vingtaine d’années. Le peloton est très resserré sur cette distance totalement étrangère à la culture de la CàP anglaise, d’autant plus qu’ultra rime avec trail pour les Anglais qui délaissent la course sur route sauf sur courtes distances.

 

D’après le mail que m’a envoyé l’organisation, nous serons une douzaine au départ, dont certains sont très rapides avec des performances passées autour des 7h30 tout de même.  Historiquement, l’épreuve se gagne sur des bases de 7h15 heures chez les hommes en général, avec quelques performances sous les 7 heures. Chez les féminines, il faut compter sur un temps vainqueur de 8h à 8h30. Le temps limite est fixé à 12 heures, un peu sévère mais tout à fait dans mes cordes. Il est fort probable que je termine dernier : le dernier concurrent est rentré en 10h46, 10h34 et 10h47 respectivement lors des trois dernières éditions en 2009, 2010 et 2011.

 

La course change de lieu presque tous les ans et s’est baladée dans le passé à Cardiff, en Irlande, à Edimbourg, Perth et même à Londres. Cette année, elle se déroule dans le petit village de Redwick, non loin de Bristol, presqu’au bord de la mer, plus précisément de l’estuaire de la rivière Severn, aux portes du Pays de Galles.

On court sur une boucle de 3,1 km : les organisateurs annoncent donc 32 boucles complétées par 800m supplémentaires au moment du départ. J’ai vu des photos du circuit, très plat : belle route bitumée virant sur la gauche, paysages bucoliques. Les accompagnateurs à vélo ne sont pas prévus.

 

Mon objectif reste inchangé par rapport aux 12 heures de Crawley : améliorer un peu mon meilleur temps sur 100km (10h42), peut-être atteindre les 10h15, temps toutefois bien loin de mon potentiel de 9h40 sur papier.

 

La boucle de 3,1km me permettra d’organiser mon ravitaillement personnel. Je laisserai une glacière vers la ligne d’arrivée, remplie de sucré et salé ainsi que de boissons, y compris un peu de bière je pense. Le ravitaillement annoncé par les organisateurs est à l’image de ce qu’on trouve sur les courses anglaises : de l’eau, une boisson isotonique nommée Hi-Five, et un peu de sucre sous des formes pas bien définies. Pas de quoi se goinfrer donc : mieux vaut apporter ses sandwiches.

 

Pour ce qui est de la stratégie de course, je choisis de rester fidèle à Cyrano, ce d’autant plus que la boucle de 3,1km permet de faire tomber les portions marchées à intervalles agréablement choisis. Je compte adopter le rythme basique suivant :

 

Arrêt ravito : 0,000km en 00:30

Marche et alimentation : 0,050km en 00:30

Course : 1,500km entre 08:30 et 09:15

Marche : 0,100km en 01:00

Course : 1,450km entre 08:15 et 08:50

 

Temps total au tour : 3,100km entre 18:45 et 19:57

 

Je prévois une baisse de régime en course à partir du 50ième kilomètre : l’allure passera progressivement de 05:40 au kilomètre à 5:50  puis à 6:05 au 80ième kilomètre. En réalité, je sais bien qu’en cas de coup de pompe je tomberai rapidement vers les 6:30 voire 7:00 au kilomètre, mais je ne dois pas forcément compter sur ce ralentissement si radical. C’est bien sûr sans compter les problèmes mécaniques.

 

La météo, si mauvaise depuis quelques semaines, s’annonce finalement assez clémente, peut-être même ensoleillée, mais ce facteur n’a plus beaucoup d’importance pour moi après avoir couru si longtemps sous la pluie et les bourrasques à Crawley en avril dernier.

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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 07:53

Les 12 heures de Crawley, c’est ma première course de l’année et mon premier ultra depuis les 100 km de Theillay en août 2011. Ce format de course est également une première pour moi : un ultra sur piste d’athlétisme, voilà tellement longtemps que j’en avais envie. Enfin, pour la première fois je côtoie un peu le milieu de l’ultra britannique.

L’épreuve se déroule sur la piste d’athlétisme de Crawley, une bourgade du comté du West Sussex, à mi-chemin entre Londres et Brighton, le samedi 27 avril 2012.

Logistique et départ

Réveil à 4h15 du matin, après un bref sommeil de 4 heures. J’ai mis un temps fou à préparer mes affaires la veille, comme si la possibilité de se ravitailler ou bien se changer à volonté sur un parcours aussi court me poussait à emporter plus que nécessaire. Pour le ravitaillement, connaissant le manque de variété de ce que proposent les organisateurs anglais sur leurs courses, j’ai rempli une grosse glacière de choses sucrées et surtout salées. J’emporte également plein de boissons : coca, eau pétillante, de la bière donc l’amertume est efficace pour étancher ma soif et eau plate.

Le temps de me perdre dans Crawley, j’arrive à peine 15 minutes avant le départ. Il pleut un crachin continu qui menace de durer toute la journée. J’installe ma glacière et mes bouteilles au bord de la piste à 50 mètres de la ligne de départ.  Je finis de m’habiller dans la précipitation. Je me rends compte à cinq minutes du départ que je n’ai pris aucun pansement dont j’avais prévu de me protéger les zones sensibles des pieds. J’improvise : par-dessus une fine paire de chaussettes de course, j’enfile les chaussettes imperméables que j’ai achetées la veille dans une boutique cycliste sur les conseils des coureurs du forum ADDM. J’ai peur que mes pieds gonflent trop pour le peu de place qui me reste dans mes Brooks Glycerine, mais c’est la seule idée qui me vienne à l’esprit. J’enfile une veste coupe-vent imperméable et je porte gants et casquette. La température au moment du départ vers 7 heures du matin est d’environ 7 degrés. Le temps reste très variable, comme toujours en Angleterre, mais promet une forte humidité et des précipitations. A quelques secondes du départ, je n’ai toujours pas fini de fixer mes dossards devant et derrière. Pour une fois, je n’ai pas oublié d’emporter des épingles.

Mon plan est simple : 5 tours de course, puis 100 m de marche en une minute, 4 tours ¾ de course, et 30 secondes pour me ravitailler sur le bord de la piste. Je reste fidèle à la méthode Cyrano et compte enchaîner autant de ces cycles de 23mn56 et 4 km que possible. Mon premier objectif consiste à améliorer mon temps sur 100 km. Si je le remplis, je me tournerai vers mon second objectif, boucler 112km sur les 12 heures. Selon la rodiométrie, mon potentiel sur 12 heures est 118 km. Donc je ne pense pas être trop ambitieux. Si, par exemple, je boucle les 100 km en 10h30, il me restera 1h30 pour courir 12 km, ce qui correspond à une moyenne de 8 km/h, ce qui me semble tout à fait envisageable. Tout dépendra de mon état de forme…

Les trois premières heures

Pendant les trois premières heures, j’applique scrupuleusement mon plan de course, et je maintiens une vitesse moyenne égale exactement à 10 km/h, ceci malgré deux arrêts aux toilettes. La pluie a cessé et les 22 participants ont bien pris leurs marques. Deux coureurs caracolent en tête et ne cessent de prendre des tours aux autres participants. Le coureur de tête me semble plutôt inconscient : on dirait qu’il est parti pour un marathon ou un 50 km. Il abandonnera d’ailleurs vers la sixième heure, si je me souviens bien. Quelques marcheurs déroulent leur pas cadencé. Un coureur aveugle est guidé par plusieurs coureurs à tour de rôle.

Les compteurs de tours bénévoles (‘lap counters’) sont assis sous de grandes tentes et prennent leur mal en patience. Pour maintenir le contact avec le mien, à chaque passage je lui fais un signe de la main. La mission des compteurs de tours consiste à compter les tours en indiquant sur une ‘lap sheet’ le temps écoulé à chaque tour accompli. La plupart des lap counters sont eux-mêmes coureurs d’ultra, ce qui aide à comprendre leur dévouement. Je m’alimente comme prévu, en passant au salé assez tôt, pour ne pas prématurément développer un dégoût du sucré.

Tourner sur une piste de 400 mètres est particulièrement agréable, notamment en raison de la qualité du revêtement. Le marquage exact des distances permet de savoir à tout moment si on garde la bonne allure ou si l’on ralentit. On passe son temps à se faire dépasser ou à dépasser d’autres coureurs, ce qui permet d’engager assez souvent la conversation, quelquefois sur un tour ou deux. Certains coureurs effectuent de nombreux tours ensemble, surtout ceux qui sont dans une phase de marche prolongée. Afin de me concentrer sur mon effort, je reproduis ce que je fais lorsque je cours un semi sur piste, à savoir le comptage des distances 100 m par 100 m. Tous les 10 km, je vérifie auprès de mon lap counter que nous avons la même distance. Aucun des autres concurrents ne se préoccupe de garder un œil sur la distance qu’il parcourt, d’après les réponses à mes questions, y compris le coureur en tête, qui a d’ailleurs terminé les 24 heures de Tooting en 2009 avec 234 km au compteur.

Au bout de trois heures de course, le départ de l’épreuve des six heures est donné. Les vingt concurrents s’élancent assez vite, et ne vont pas cesser de nous dépasser pendant la totalité des six heures. Je veille à ne surtout pas dévier de ma vitesse de croisière sans oublier de respecter mon plan de course à la Cyrano.

Je continue de progresser à un rythme régulier et passe aux 30km en 3h01 après 2h01 aux 20 km et 1h00 tout rond pour les dix premiers kilomètres. Les sensations sont très bonnes jusqu’à présent.

Vers les 3h30 de course, les organisateurs font passer la torche olympique des Jeux de Londres en 1948 de coureur en coureur. J’ignore où ils l’ont récupérée, mais elle semble authentique à en juger par l’inscription sur son pourtour. La torche est allumée. Je la porte sur un tour et suis bien content de la rendre car elle est sacrément lourde. Je tourne entre 2:10 et 2:22 au tour, soit une allure comprise entre 5:25 et 5:55 au kilomètre.

Quatrième heure : ça se corse

La  météo est presque clémente, je progresse à bonne allure sans trop de fatigue : tout va bien. C’est à ce moment, vers le 38ième kilomètre que je sens le coup de moins bien arriver.  C’est bizarre, je ne m’y attendais pas si tôt dans la course : à peine 4 heures se sont écoulées. Il me reste les deux tiers de l’épreuve à durer. Jusqu’ici je courais sur un rythme de 10h-10h15 aux cent bornes. J’imagine qu’il me faut maintenant compter 45 minutes supplémentaires, donc un temps similaire à mes 10h42 habituelles. Je prends mon mal en patience et continue d’appliquer ma routine course+marche+course+ ravito.

Je passe le marathon en 4h17, avec un retard d’environ 5 minutes sur l’horaire prévu. Rien de grave. A Theillay, j’avais atteint le marathon en 4h09.

Sixième heure : remise à plat de l’objectif

Dorénavant, mon allure a bien baissé. Je passe aux cinq heures à 48 km, et j’atteins les 50 km en 5h18. Je continue de faire pas mal d’arrêts techniques. Je prends mon mal en patience, je sais que le coup de moins bien peut durer longtemps mais que la forme peut également revenir.

La mi-course se présente déjà : seulement 56 km en 6 heures. Je suis donc tombé à une moyenne horaire de 8 km/h, arrêts compris. Mon allure de course est encore de 2:40 au tour en moyenne, soit 9 km/h. Les arrêts amputent donc ma vitesse moyenne d’un bon kilomètre à l’heure. C’est aussi ce moment que choisissent les organisateurs pour faire changer tous les coureurs de sens sur la piste : depuis le départ, nous avons parcouru la piste dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, le sens habituel, quoi. Tout le monde fait demi-tour à la fin de son premier tour accompli immédiatement après que les six heures ont sonné. Je doute de ma capacité à aborder des virages dans l’autre sens, mais finalement, au bout de deux tours je me suis totalement habitué à cette nouvelle perspective.

Au 58ième kilomètre, je ressens une douleur lancinante mais modérée au tendon releveur gauche. Je n’envisage pas d’abandonner et décide de continuer sans me focaliser sur cette douleur.

Septième heure : de mal en pis

Vers le 65ième kilomètre, soit 40 miles, la forme revient et j’accélère un peu : je reviens à un temps moyen d’environ 2:25 au tour, soit presque 10 km/h. Pas mal ! Ce bel élan est stoppé net au km 71 par une énorme et soudaine urgence intestinale qui m’oblige à m’arrêter plus de cinq minutes. J’atteins les 71.5 km au passage des huit heures. Je me retrouve en perdition totale. Une simple (mais improbable) règle de trois m’apprend que j’atteindrai les cent bornes en 11h15. Comptons donc sur 11h30-11h45 par prudence. L’essentiel reste de boucler au moins 100 km dans le temps imparti de 12 heures. C’est à ce moment-là que ce 12 heures s’est transformé pour moi en un cent bornes avec une limite de temps de 12 heures.

Depuis le km 58, tous les cinq tours je m’arrête au bord de la piste pour effectuer quelques flexions des jambes et pour m’étirer. J’ai l’impression que c’est bénéfique, mais que ces exercices sont une perte de temps supplémentaires. En résumé : je ne cours plus très vite, et je fais des pauses si fréquentes que ma moyenne horaire chute dangereusement.

Entre 70 et 80 km, je progresse à une vitesse moyenne misérable de 7.4 km/h ! Une vitesse de course faible (8,5 km/h) aggravée par de nombreux arrêts.

La douleur au releveur gauche s’est accentuée mais reste toujours très supportable (mais gênante) comparée à la douleur ressentie dans l’ensemble du corps. Je reste toutefois assez décontracté, ce qui réduit les tensions dans la nuque, les bras et les épaules.

Les vingt derniers kilomètres : le combat pour les 100 bornes

Quatre-vingts kilomètres en 9h09 ! La situation devient critique. Il me reste donc un peu moins de trois heures pour parcourir vingt kilomètres. Est-ce faisable rien qu’en marchant ? Je m’arrête auprès de mon lap counter afin de faire le point avec lui. Nous nous rendons compte qu’il me faudrait marcher à près de 7 km/h en moyenne, sans arrêt en plus. Je sais bien qu’il m’est impossible de marcher à cette vitesse, surtout à ce stade de la course. Je dois donc continuer à courir, cette fois en limitant les arrêts. Il pleut maintenant de manière continue depuis près de deux heures et le vent s’est levé.

Vingt kilomètres représentent exactement 50 tours. Je décide de courir ces 50 derniers tours, d’atteindre si possible les 100 km, puis de marcher pendant les 15 ou 20 minutes qui resteront avant la fin des 12 heures.

Je me lance, à la vitesse grisante de 8,5 à 9 km/h. Je minimise les arrêts, sans toutefois oublier de boire. Depuis près de 3 heures je n’ai rien absorbé de solide. Je continue de comptabiliser les distances 100 mètres par 100 mètres. J’atteins les 90 km en 10h25. J’ai eu un léger désaccord avec mon lap counter, qui me comptait un tour de moins que mes propres calculs. J’ai décidé de me ranger à son opinion, puisque c’est lui le compteur officiel, et aussi parce que je ne suis plus tellement lucide, donc il est très possible que je me sois trompé. Plus que 25 tours, en un maximum de 1h35. Cela me semble ridicule : je ne suis même pas assuré de courir 10 km en 1h35 ! Le vent est devenu si fort qu’il a emporté la plus grande des tentes de l’organisation.

Lors d’un arrêt pour me ravitailler, je remarque, sur la table de ravitaillement du coureur de tête, des antalgiques, bien posés en évidence. Je suis très étonné : prendre des antalgiques bien sûr permet d’améliorer la performance en réduisant la douleur mais supprime l’un des ingrédients essentiels de la pratique de l’ultra.

Je continue, sous une pluie devenue battante. Le vent est tellement fort que les tentes de l’organisation se sont envolées et ont dû être démontées. Les bénévoles grelottent et sont pressés que la course se termine. Après 10h42 de course, mon record sur la distance, je n’en suis qu’à 92 km, soit un déficit de 8 km. Je m’accroche et parviens à 95 km en 11h05. Nous ne sommes plus que trois à courir : les 3 premiers et moi. Je suis toujours en quatrième position.

Enfin les 100 km, en 11h45:51.

Fin de course

Je me contente de me marcher pendant les quinze dernières minutes. Je ressens d’ailleurs un froid intense : mes vêtements sont trempés depuis des heures et le vent glacial refroidit tout. Je verrai en montant en voiture après la course que la température a chuté à 6 degrés.

A dix minutes de la fin, chacun reçoit un bâtonnet de plastique portant son numéro. Un son de trompe signale la fin de la course et chacun pose sa marque sur le sol. Un membre de l’organisation vient ensuite mesurer la distance résiduelle à l’aide d’une roue Jones.

J’ai parcouru 101,116 km.

Je me dirige avec les autres coureurs vers les vestiaires. Chacun retire ses vêtements délicatement. Coup de chance, on peut prendre une bonne douche chaude. Habillés, nous nous présentons à la remise des récompenses, en très petit comité donc, dans le crépuscule naissant. La tempête fait rage.

Tirons le bilan de cette course :

-Point négatifs : (i) performance décevante, très en deçà de mes espoirs, (ii) une météo pourrie, (iii) des arrêts peut-être pas trop fréquents, mais trop prolongés, en particulier pour le ravitaillement

-Points positifs : (ii) une nouvelle expérience sur 100 km, (ii) pas d’abandon de ma part, (iii) ma première course sur piste, (iv) une très bonne ambiance pour cette première course anglaise, fidèle à mes attentes sur ultra, (v) la découverte par inadvertance d’un moyen simple de ne pas se faire d’ampoules aux pieds

-bilan physique : légère tendinite du releveur gauche et quelques brulures autour de la taille faites par ma ceinture

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 23:43

Pour ce premier ultra depuis les cent-bornes de Theillay l’an dernier, je me contente de deux objectifs :

  1. Améliorer mon record sur 100 kilomètres
  2. Parcourir plus de 112 km

 

L’épreuve se déroule sur une piste d’athlétisme en tartan de 400 mètres. Les concurrents seront au nombre de 40 environs, inégalement répartis entre une épreuve de 12 heures, dont le départ est donné à 7 heures du matin, et une épreuve de 6 heures qui démarre trois heures plus tard, à 10 heures.

L’avantage de cette configuration, c’est que ce circuit de petite taille facilitera le ravitaillement, le décompte des tours et de la distance, tandis que la surface devrait amortir les chocs de la course. Le parcours parfaitement plat devrait aider à assurer la régularité de l’allure. En revanche, il faudra surtout éviter l’effet d’entrainement créé par les coureurs sur 6 heures au moment de leur départ et dans les 2 ou 3 heures qui suivront.

Mon premier objectif est d’améliorer mon record sur 100 km, actuellement à 10h42. Je me contenterais bien de 10h30, mais je préfère établir un plan de course légèrement plus ambitieux, par exemple entre 10h00 et 10h15.

Je compte une nouvelle fois appliquer la méthode Cyrano, en utilisant le tour de piste comme unité de distance. A première vue, je répéterai la succession suivante :

 

  1. 5 tours de course à allure 5:45 (10,43 km/h), soit 2 km en 11:30
  2. Un quart de tour en marchant à 6 km/h, soit 100 m en 1:00
  3. 4,75 tours de course à allure 5:45 (10,43 km/h), soit 1,9 km en 10:56
  4. Un arrêt de 30 secondes pour me ravitailler à ma table personnelle

 

Je chercherai à répéter ce cycle de 4 km et 23:56 autant de fois que possible. Bien suivi, et sans baisse significative de régime bien sûr, il me ferait passer au marathon en 4h12 et aux 100 km en 9h59 pour conclure sur un total de 120 km, peu probable d’après la rodiométrie.

Le temps moyen au tour est donc de 2:18 pour les sections courues. La portion marchée de 100 m prend quant à elle 1 minute exactement.

On admettant que je tombe à 2:36 au tour (soir 6:30 au kilomètre) à partir du soixantième kilomètre, je passe aux 100 km en 10h30 et je boucle 113km en 12 heures.

On verra bien, j’improviserai comme mes deux premiers ultras.

 

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 00:59

J’ai mis un temps infiniment long à rédiger ce compte-rendu. Je suppose que je voulais conserver les souvenirs de la course sans les formuler.

  • Km 0 : départ en pleine nuit au tout petit trot dans un peloton assez compact. J'ai perdu la trace de JP75018, Tot et d'autres ADDM rencontrés la veille. Les vedettes de la course sont massées à l'avant. Aussi incroyable que cela puisse paraître, certains se mettent à courir à bonne allure. Je ne porte pas de frontale car le jour est en train de se lever.
  • Km 10 : je me suis rapidement installé dans un rythme de course d'environ 10.5 km/h. Je marche une minute après 14 minutes de course. Un officiel nous donne le temps de passage aux 10 km : 0h58 pour moi, pile dans les clous pour faire 10 heures moins epsilon. Mais il reste 90 km à courir, et plein d'occasions pour que la course la mieux planifiée (ce que n'est pas la mienne) parte en vrille.
  • Km 15 : dans la partie aller-retour du parcours, celle qui traverse Salbris, j'ai l'occasion d'admirer les premiers de la course, du moins ceux que je connais : Ludovic Dilmi, Manu Fontaine, Anne-Cecile Fontaine. Leur allure 100 bornes est semblable à mon allure marathon! Je vois aussi que Didier Cartreau avance à vive allure, suivi de près par son suiveur J2J. Il arrivera devant monsieur Fontaine.
  • Km 18 : je croise JP75018 qui n'a pas encore fait demi-tour à Salbris et le hèle. Il est bien sur pile poil dans son allure cible.
  • Km 20: atteint en 1h56. Mon allure globale (course + marche) est stable à 10 km/h depuis 15km maintenant. Aucune douleur ni fatigue. Les ravitaillements sont régulièrement espacés de 5 km, soit environ 29-30 minutes pour moi. L'arrivée au ravito signale d'ailleurs le début d'une portion marchée.
  • Km 22: j'arrive a la hauteur de Charlie, l'entraîneur de marath'olive. On discute de CàP en avançant à allure stable. Je respecte toujours les portions marchées. Au ravito du km 25, j'observe l'avantage d'avoir un suiveur à vélo : celui de Charlie lui prend par avance le ravitaillement solide, ce qui fait gagner beaucoup de temps.
  • Km 30: atteint en 2h56, soit une allure de 10 km/h dans la dernière heure. Je suis toujours en route pour les dix heures moins epsilon, du moins jusqu'ici.
  • Km 33: je me détache du petit groupe de Charlie et pars seul. J'ai de bonnes sensations.
  • Km 37: je dépasse un coureur en perdition. Je le reconnais: nous avions discuté la veille et son objectif est de 9 heures. Je m'étonne qu'il faiblisse seulement au tiers de la course, et même avant le marathon. Peut-être un départ trop rapide? Il abandonnera un peu plus loin. Je le saurai quand sa suiveuse à vélo me dépassera au km 65.
  • Km 38: un ravitaillement inattendu se présente avec deux kilomètres d'avance, ce qui me perturbe. En effet, je me retrouve à entamer une portion marchée 12 minutes trop tôt.  Je m'arrête toutefois pour boire et manger car ce ravito n'est peut-être pas en surnombre et le sauter m'exposerait à un déficit d'eau et d'énergie.
  • Km 40: atteint en 3h56, ce qui confirme mon maintien des 10 km/h sur la dernière heure écoulée. Ma femme vient aux nouvelles et m'appelle sur mon portable. Tout va bien.
  • Marathon: atteint en 4h08'45, selon un officiel posté à hauteur de la marque. Ce temps correspond à une vitesse moyenne de 10.17 km/h, soit un temps de 9h50 sur 100 km, à supposer que je parvienne à maintenir l'allure sur les 58 km restants sans faiblir ni trop stationner aux ravitos. Le ravito suivant se trouve d'ailleurs juste après le passage du marathon et semble indiquer une reprise de l'espacement régulier de 4.5-5 km.
  • Km 50: atteint en 4h56. Toujours une vitesse de 10 km/h. Les jambes commencent à tirer. J'ai atteint la moitié de la course et je peux à  présent faire le décompte de kilomètres restants comme un compte à rebours. On quitte la route pour la première fois pour courir environ 2 km en sous-bois. Une légère euphorie s’empare de moi.
  • Km 60: atteint en 5h56. Et c’est là que le coup de pompe s’abat sur moi. Je n’ai plus d’énergie. Ma vitesse baisse inexorablement, tombe vers 8.5 km/h. Je m’attarde au ravito du soixante-deuxième kilomètre, et tente de plier les jambes à plusieurs reprises pour faire refluer la douleur. Peine perdue. La course commence ici.
  • Km 66: JP75018 me dépasse et m’encourage ; il me propose de m’accrocher à son allure régulière mais je décline l’invitation, soucieux de ne pas le retenir. J’admire son rythme régulier.
  • Km 70: atteint en 7h08. Ce coup de barre se prolonge. Il faut attendre. En ultra, les hauts et les bas font partie de l’expérience. Tous me l’ont dit et répété.
  • Km 80: atteint en 8h19. Depuis dix kilomètre environ, j’ai l’esprit qui divague. Je pense aux nombres premiers et à leur fréquence limite ainsi qu’aux multiples de sept. Rien de très inhabituel, mais un indice fiable de faiblesse physique assortie d’une concentration profonde.
  • Km 81 : incroyable : je sens que « ça » revient. Ma vitesse remonte vers 9.5 km/h. Quel bonheur !
  • Km 90: une coureuse est allongée sur le bitume, percluse de crampes. Les secouristes sont sur place et l’entourent sans intervenir. Leur a-t-elle interdit de s’en mêler ? Elle se relève soudainement, puis repars. Elle finira, devant ou derrière moi, je ne sais plus. Je ne sais pas ce que c’est que les crampes.
  • Km 95 : le dernier ravitaillement. Ma patience est rudement éprouvée, mais ça sent l’écurie. En fait, c’est le meilleur moment de la course, mais la lassitude physique est à son comble.
  • Km 100: arrivée en 10h42'37. A quelques secondes près, c'est le même temps qu'à Steenwerck. Tout mon corps m’envoie des signaux de fatigue. Une énorme ampoule sous le pied gauche m’a fait souffrir depuis le km 50. J’ai souvent alterné le côté gauche et le côté droit de la route bombée afin de varier les douleurs.


Je me cale sur un banc au ravitaillement immédiatement installé derrière la ligne d’arrivée. C’est étrange, je me sens encore dans la course, comme si je ne faisais qu’une pause avant de repartir. J’imagine que ce n’est qu’une manifestation de l’aspect collectif de l’ultra. J’ai passé les deux heures suivantes autour d’une table avec d’autres coureurs. Nous nous sommes restaurés, puis nous avons regardé dans le vide.

PanneauTheillayUne belle course, sur une unique boucle, avec un peloton sympa. Mais je ne pourrai pas la refaire avant un long moment, puisque les cent-bornes de Theillay tombent tous les ans au moment de notre anniversaire de mariage, et qu’on m’a fait comprendre sans équivoque que cette collision d’événements ne se répéterait plus de cette manière. 

Je me suis beaucoup trop arrêté aux ravitaillements, une façon comme une autre de me reposer les jambes sans le dire, mais aussi sans avancer. La prochaine fois, il me faudra penser à avancer sans relâche. J’estime que cette manie m’a coûté environ 30 minutes supplémentaires sur l’ensemble de la course, essentiellement à partir du 60ième kilomètre.

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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 13:04

Ma stratégie de course reste très simple et repose essentiellement sur la méthode Cyrano utilisée lors de mon premier cent-bornes en juin dont l’objectif était de terminer la distance.

 

J’y apporte deux modifications :

·        des portions de marche moins fréquentes, soit en gros toutes les quinze minutes

·        un suivi attentif de la vitesse moyenne depuis le départ afin de ne pas ralentir sans m’en rendre compte

 

Mon objectif reste bien évidemment d’améliorer, modestement, la performance de mon premier essai (10h42), couru très « en dedans ». Si la météo est clémente, je compte viser 10 heures moins epsilon. Si la météo est défavorable, notamment en cas de chaleur, je me contenterai de 10h30 ou même 11h.

 

La stratégie de course sera rythmée par la disposition des ravitaillements, tous les 5 km environ selon les organisateurs. Je prévois de marcher pendant 1 minute, exactement 14 minutes après avoir quitté un ravito, puis, au ravito suivant, de marcher 30 secondes après m’être arrêté 30 secondes. Si je table sur une vitesse moyenne d’environ 10 km/h, je me retrouve à marcher à mi-chemin de deux ravitaillements successifs.

 

Alimentation et hydratation en course resteront simples et reposeront sur ce qu’offre l’organisation aux ravitaillements : coca, eau pure, eau glucosée, biscuits (petits Lu) etc… Je prendrai avec moi une ou deux petites bouteilles de 0.15 litres pour boire entre deux ravitaillements. L’appréciation des quantités absorbées est laissée à la sûreté de mon intuition.

 

Je penserai cette fois à protéger mes pieds contre les ampoules avant le départ, maintenant que je sais sur quelles parties de chaque pied elles apparaissent.

Je ne pense pas laisser un « drop bag » où que ce soit sur le parcours.

 

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 16:49

Très long CR

 

Une semaine entière s’est écoulée depuis la course, et j’ai donc eu le temps de digérer cette première expérience de l’ultra. Je veux à présent raconter la course en détail, mais en me fiant uniquement à mes souvenirs : je n’ai pas encore dépouillé les données (distance, temps, allure et fréquence cardiaque) de ma montre Garmin, donc il se peut que mon interprétation des étapes de la course soit erronée. Je reviendrai plus tard dans un billet séparé sur l’analyse des chiffres de la course.

 

AfficheSteenwerck.jpgJ’ai décidé tout à fait à l’improviste de m’inscrire aux 100 km de Steenwerck vers le 20 mai, soit moins de deux semaines avant la course. Après un marathon de printemps raté pour cause de surentrainement, j’avais besoin de me changer les idées tout en gardant intact mon intérêt pour la CaP. Je me suis contraint à une coupure complète de 16 jours après le marathon de Paris jusqu’au 26 avril. J’ai couru, sans prépa spécifique, un semi le 8 mai, sans trop forcer, pour me convaincre que j’étais dans de bonne dispositions pour une ou des performances, mais lesquelles ? Steenwerck tombait à pic. D’un point de vue logistique, c’était idéal pour moi : 1h20 d’Eurostar jusqu’à Lille, puis 20 minutes en train régional. Le déroulement de la course du soir me permet de revenir, en principe, assez tôt à la maison. Le plus difficile, en fait, a été de convaincre ma femme qu’il n’était pas déraisonnable de courir 100 km.

Bref, je me suis présenté sur la ligne de départ de la course du soir à Steenwerck parfaitement informé, mais absolument pas préparé. A défaut d’entrainement adéquat, j’espérais bénéficier des restes de la prépa marathon de printemps.

 

En lisant le blog de JP75018, je me suis convaincu que l’application de la méthode Cyrano pouvait notablement augmenter mes chances de finir l’épreuve en relativement bon état. Après plusieurs essais limités à des sorties de 1h15, je me suis fixé sur une alternance de neuf minutes de course suivies d’une minute de marche active, mais relaxante. J’avais programmé ma montre Garmin pour qu’elle m’indique clairement par un signal sonore les transitions successives entre marche et course. En termes d’objectif de temps, et bien que ce ne soit pas une priorité, je m’étais fixé un temps final de 10 heures tout rond. J’ai révisé ce temps à 9h45, soit une allure moyenne de 5:52 au kilomètre, afin de me laisser un peu de marge pour le temps passé aux ravitaillements. A Steenwerck, le parcours est constitué d’une boucle initiale de 4.3 km puis de 5 boucles identiques de 19.14 km. Chaque boucle compte six ravitaillements, ce qui fait un total de 29 ravitaillements sur l’intégralité de la course, si on exclut le ravitaillement situé juste après l’arrivée. Comme la majorité des concurrents, je courais sans accompagnateur à vélo.

 

Je suis descendu du train en gare de Steenwerck en même temps que d’autres concurrents pour la course du soir, en particulier Alain G., V3 vainqueur à plusieurs reprises ici et cent-bornard accompli, et Stéphane M., qui compte près de 190 cent-bornes à son actif. Il y avait aussi une coureuse originaire de la Réunion, assez expérimentée en ultra, avec tout de même neuf participations au Grand Raid. Elle venait pour la course du matin, dont le temps limite est seulement de 13 heures. J’ai appris plus tard qu’elle avait été arrêtée au km 93, après 12h33 de course, n’ayant pas le temps matériel de terminer dans les 13 heures.

 

Une voiture de l’organisation est gracieusement venue nous chercher à la gare. Dans la salle des sports, j’engage la conversation avec Alain G. et Stéphane M. Ils ont tous les deux l’intention de participer aux 100 km de Vendée, à Chavagnes-en-Paillers, le samedi suivant, donc après seulement deux jours de récupération. Ils sont coutumiers de l’enchainement d’épreuves rapprochées. Alain me dit que Stéphane a même couru les deux épreuves de 100 km de Steenwerck une année : il a terminé l’épreuve du soir en moins de 11 heures, puis s’est aligné, peut-être quinze minutes plus tard, sur l’épreuve du matin, dont le départ est donné à six heures. Ces exploits me renvoient à mon manque de sérieux dans ma préparation. On me demande mes références sur marathon, mon objectif sur ce premier cent-bornes. J’annonce un objectif autour de 10 heures, mais surtout une gestion prudente de l’allure grâce à la méthode Cyrano afin d’augmenter mes chances de terminer.

 

Avec deux heures à tuer avant le départ à 19 heures, je n’ai pas fait grand-chose sinon prendre tout mon temps pour me préparer dans les vestiaires de la salle des sports de Steenwerck. Mes plus grandes inquiétudes se concentrent sur mes pieds : dans la mesure où je n’ai jamais d’ampoules, y compris sur marathon, j’étais bien incapable de deviner quelles parties de mes pieds je devais protéger en priorité. J’ai collé quelques sparadraps un peut au hasard. En revanche, je me suis dispensé de me badigeonner de la panneau_steenwerck_2-copie-1.jpgfameuse crème Nok, dont les vertus sont bien connues des coureurs de (très) longues distances. Je me suis dit que je saurais bien gérer les ampoules au moment où elles se manifesteraient pendant la course. Pour ce qui est de l’alimentation et de la boisson, j’avais décidé de faire confiance aux organisateurs et de ne sauter aucun ravitaillement. Avec six ravitaillements par boucle de 19.14 km, on se retrouve avec une distance moyenne de 3.2 km entre deux ravitos consécutifs, bien que la répartition réelle des tables soit moins régulière, soit environ 19 ou 20 minutes entre deux ravitos. Ce sera ma première expérience de course de nuit dans une zone non éclairée. J’ai acheté une lampe frontale la veille, et je ne l’ai jamais essayée avant le départ. Je ne me suis pas posé de questions sur le facteur psychologique que représente la nuit dans la gestion de la course, surtout sur une durée aussi longue. On verra bien.

 

Juste avant le départ, chaque coureur du 100km du soir dépose dans l’urne postée au km 0 son ticket qui prouve qu’il a bien pris le départ de l’épreuve. On compte environ 440 partants sur le cent-bornes, et 220 coureurs qui n’accompliront qu’un tour, soit 23 km.

 

Km 0 : Le coup de feu du départ est donné à 19 heures pétantes. Je déclenche mon Garmin mais également un autre chronomètre que je porte à mon autre poignet, au cas où la batterie du Garmin me lâche avant la fin de la course. Je pars très doucement et me retrouve rapidement en queue de peloton. Je respecte dès le départ les portions marchées, même si je suis bien le seul à ne pas courir de manière continue.

 

Km 4 : Le public est très nombreux dans le village et sur le bord des routes quand on quitte les dernières maisons. Le temps est magnifique et très doux. Le premier tour va permettre de se familiariser avec la topographie des lieux : surface du parcours (du bitume en quasi-totalité avec des passages moins lisses), dénivelé (il faut gravir deux montées de ponts de chemin de fer), emplacement des ravitaillements, points cardinaux (très important pour moi), paysage à l’entour.

 

Km 6 : je perçois un échauffement sous mon talon gauche. Si ca commence comme ca, je ne vais pas aller loin. Il faut dire que je porte des chaussures neuves, de mon modèle et de ma taille habituels, mais des chaussures neuves quand même. Une erreur de débutant, commise en totale connaissance de cause. Je commence à regretter ce qu’il faut bien appeler ma désinvolture. On aborde le premier pont de chemin de fer : une pente douce qui se prolonge sur deux cents mètres. Je la monte en courant.

 

Km 8.33 : le premier pointage, à la Croix du Bac, et le premier ravito. 48 minutes de course, soit une allure moyenne de 5:52, pile ce que j’avais prévu. C’est fou le nombre de coureurs devant moi. Comme il faut effectuer un aller retour d’un kilomètre pour passer par la Croix du Bac, j’ai tout le loisir d’observer le peloton qui me précède. Je bois un verre de coca, et je chope trois Petits Beurres au passage, que je croque sur un ou deux kilomètres. J’en mangerai presque 50 jusqu’à mi-course.

 

Km 17 : deuxième pointage. L’échauffement sous mon talon gauche se calme nettement à la faveur des sections de marche, à tel point que la douleur disparait petit à petit. J’ai tout de même décidé de changer de chaussures à la fin de la première boucle, au passage à la salle de sport. L’allure moyenne se maintient à 5:52. Excellent, mais pour combien de temps ? Mes tendons d’Achille m’inquiètent : je sais qu’ils sont mon point faible, du point de vue mécanique, et j’ai commis l’erreur de jouer au foot avec les enfants deux jours avant la course. J’ai bien senti que mes tendons se rebellaient contre la violence de cet effort inhabituel. Pourtant, je suis décidé à ignorer la douleur aussi longtemps que possible. Je sais par expérience que la douleur se déclare essentiellement après le passage de la ligne d’arrivée, ou du moins tant que la course se poursuit. Il faudra donc continuer à courir. La marche soulage et apaise.

 478_Parcours-100km-Steenwerck-2011.png

Km 20 : le deuxième pont de chemin de fer se présente, et la montée est carrément raide. Je décide de l’aborder en marchant dès le début de la côte. Il me faudra la passer cinq fois en tout. Il me faut deux minutes pleines de marche pour parvenir au sommet et commencer à dérouler vers le dernier ravito de la boucle. En ce début de course, et alors que je suis encore dans des distance pour lesquelles je sais interpréter les réactions de mon corps et mes sensations, je n’ai qu’un unique souci en tête : m’économiser, et m’économiser d’autant plus que les sensations ne sont pas très positives. Les pertes de temps ne sont pas si importantes en fin de compte, si le prix en est de pouvoir terminer.

 

Km 23.44 : arrivée à la salle des sports, dans le centre de Steenwerck, et troisième pointage qui marque la fin du premier tour, en 2h15 si mes souvenirs sont bons, soit une allure moyenne de 5:52 à la montre Garmin. Je ne suis pas en super forme. En fait, j’ai mal un peu partout au corps, après seulement avoir parcouru moins du quart de la distance totale. C’est même alarmant, puisque mes sensations aujourd’hui sont nettement moins bonnes que sur marathon, pour la même distance courue, soit un peu plus qu’un semi. C’est une sensation très inhabituelle, qui ne présage que des difficultés. Je me rends vite fait à la consigne pour changer de chaussures et récupérer ma frontale et une veste de course en prévision de la tombée de la nuit, à laquelle succédera l’obscurité totale après exactement 3h35 de course. Ma montre m’indique une perte de temps de 2 minutes 30 pour ce passage au vestiaire, soit un recul de l’allure moyenne de 5:52 à 5:58. Les 10 heures sont encore jouables à ce moment, mais je sais bien qu’il m’est difficile de prévoir le déroulement et donc la fin de la course. Tout est très aléatoire et rend même cette obsession du chrono ridicule, puisque 30 kilomètres plus tard, j’aurai cessé depuis longtemps de vérifier l’allure moyenne. Un motif de satisfaction toutefois : je continue de respecter scrupuleusement l’alternance entre course et marche aux moments indiqués. Lorsqu’une portion de marche correspond à un arrêt au ravitaillement, la perte de temps au ravito devient moindre. Je repars tout seul. Tous les coureurs du premier tour du soir se sont arrêtés, et ne restent que les concurrents sur la distance totale. Le peloton est bien clairsemé à présent, et les positions des coureurs sont relativement stables, du moins jusqu’aux premières défaillances, vers le soixantième kilomètre d’après mes anticipations. On dépasse des marcheurs de temps en temps. Ils termineront les 100 kilomètres dans des temps juste inférieurs aux 24 heures.

 

Km 25 : je suis au début du deuxième tour. Dans la montée du premier pont de chemin de fer, je suis rattrapé par deux gars accompagnés de deux cyclistes qui prennent des photos. La conversation va bon train, leur allure est supérieure à la mienne, et ils ne ralentissent même pas dans la montée. Je leur signale qu’à mon avis ils vont trop vite. Ils me répondent qu’ils se sont entrainés « sans regarder les temps », et que leur unique objectif est de terminer.  Je décide de les laisser partir. Je ne les reverrai pas, et j’ignore même s’ils ont terminé la course. Je n’ai pas pu lire leurs numéros de dossard.

 

Km 27 : ravito de la Croix du Bac. Les sensations s’affinent, et je commence à accélérer mon allure sur les portions courues. J’ai en tête l’objectif saugrenu de rattraper le temps perdu à la salle des sports pendant que je changeais de chaussures. J’ai encore cette obsession du chrono héritée de la pratique du marathon. Mais elle va bien vite disparaitre après la mi-course. A chaque table de ravitaillement, depuis le début de la course, je bois un verre de coca, et un verre de coca ou de glucose. Je mange trois Petits Beurres.

 

Km 35 : l’obscurité totale succède à un magnifique coucher de soleil. J’allume ma frontale. Mises à part les douleurs dans tout le corps, et des tendons fragiles, je suis dans une période « euphorique » de la course, que j’interprète très simplement : j’approche de fin de la deuxième boucle, qui correspond à 42.58 km, soit le passage au marathon et l’entrée dans l’inconnu, c'est-à-dire dans l’ultra. Le passage par la salle des sports marquera ce saut dans l’inconnu. C’est à ce moment que la course débutera vraiment pour moi : il me faudra rester à l’écoute de mes sensations, si tant est qu’elles sont encore le reflet de mon état physiologique. L’examen des temps de passage des premiers de la course du soir lors des éditions des années précédentes m’a montré une tendance à une baisse de régime quelquefois spectaculaire et probablement pas maitrisée vers le soixantième kilomètre. Je m’attends à des difficultés semblables. Il me faut donc rester extrêmement prudent.

 

Km 42.58 : arrivée à la salle des sports et fin de la deuxième boucle, en 4h16. Je passe donc au marathon en environ 4h13. C’est un peu plus lent que prévu, mais ma gestion de l’effort me convient pour le moment. Dans l’hypothèse (audacieuse) selon laquelle je suis capable de conserver la même allure moyenne, je passerai au double marathon en 8h30 environ, à l’avant dernier pointage à la Croix du Bac, au km 84.9. A ce moment, une allure de 9 km/h sur les 15 derniers km me permettrait peut-être de finir en 10h10-10h15. Tu parles…

 

Km 46.78 : je suis dans le troisième tour, le tour décisif selon moi. Je pointe à la Croix du Bac en 4h43. Je me souviens bien de ce temps à ma montre. Il me confirme que je suis passé dans l’ultra. Je mets ma veste sur mon T-shirt technique. La température reste agréable, mais l’humidité commence à se faire sentir. Pas besoin de gants, de toute manière je les ai oubliés à mon passage au vestiaire à la fin du premier tour.

 

Km 55 : dernier pointage du troisième tour. Tous mes efforts tendent vers le bouclage de ce tour, soit une marque de 61km qui scellera mon entrée dans l’ultra. Mes tendons se rappellent à mes bons souvenirs. Je soupçonne également la formation de grosses ampoules sur la face antérieure de mes deux pieds. J’Une sensation poisseuse s’invite dans la chaussure droite : une belle ampoule a probablement éclaté, mais aucune douleur ne me gêne. On verra les dégâts à l’arrivée. J’ai cessé d’absorber du solide car j’ai la nette impression que je commence à ressentir des nausées.

 

Km 58 : à ma grande surprise, je rattrape Stéphane M. Il me dit qu’il n’est pas motivé aujourd’hui, et qu’il serait satisfait avec une marque légèrement en dessous de 11 heures. Nous courons environ vingt minutes ensemble. Je le quitte dans la grand-rue de Steenwerck, alors qu’il va saluer Henri Girault, le recordman du nombre de 100 km, avec plus de 600 cent-bornes à son compteur.

 

Km 61 : fin du troisième tour, en 6h22. Je me sens toujours bien. Les cinq kilomètres suivants vont être décisifs d’un point de vue psychologique, puisque je redoute un sérieux et soudain coup de moins bien après le soixantième kilomètre. Je repars doucement.

 

Km 65 : je suis dans le quatrième tour sur cinq. Je pointe à la Croix du Bac. Pas de coup de barre pour le moment. C’est à ce moment que se forme dans mon esprit la certitude que je terminerai ce cent-bornes. Ma progression est rythmée par la succession de 9 minutes de course puis 1 minute de marche. Ces micro-étapes réduisent mon horizon et les 100 kilomètres à des petits objectifs immédiatement concrets et réalisables. Il faut dire que les marques au sol sont quelquefois démoralisantes, en particuliers celles qui signalent 75km, 85 km, etc… Mon horizon visuel se réduit au faisceau de la frontale qui éclaire la ligne bleue du parcours. Je concentre toute mon attention sur cette ligne bleue qui me permet de garder le bon cap et d’éviter de me tromper aux nombreux embranchements rencontrés. Depuis maintenant six heures je cours seul, donc personne ne me guidera si je me trompe de chemin. A un croisement déjà, un bénévole m’avait rattrapé au moment où je ratais un virage, d’où ma décision de coller à la ligne bleue. Depuis au moins 25 kilomètres, je ne regarde plus du tout mon allure moyenne depuis le départ. Je suis passé en fait à une gestion du temps par tour de 19.4 km. Un tour accompli entre 2 heures et 2h05 me semble compatible avec une arrivée en environ 10h30. A chaque passage par la salle des sports, je refais un calcul rapide de mon temps d’arrivée probable, sauf pépin physique bien sûr.

 

Km 74 : dernier pointage du quatrième tour. J’ai du mal à y croire : tout va bien. Plus que 7 km avant le dernier passage à la salle des sports.

 

Km 81 : je pointe en 8h31. Il me reste 19.1 km. Je suis certain de finir, et même de finir en moins de 10h45. C’est loin de mon objectif initial de 10 heures, mais il faut savoir rester réaliste. En revanche, je n’ai aucune idée de mon classement à ce moment de la course. J’ignore également le nombre d’abandons. Je sais qu’un grand nombre de coureurs s’arrêtent après deux tours, ce qui correspond à la distance du marathon.

 

Km 83 : je démarre mon dernier tour. Sur le parcours, je rencontre de moins en moins de monde : marcheurs, cyclistes, ou coureurs. Parmi les coureurs que je dépasse, certains ne font plus que marcher. J’ai maintenant le sentiment d’accomplir un exploit, du moins un exploit à ma modeste mesure. Chaque pas me rapproche du succès, et je ne reviendrai pas sur le parcours. Je suis un peu ma propre voiture balai.

 

Km 84.9 : je pointe au double marathon, au ravitaillement de la Croix du Bac, en 8h58 (du moins je crois). Je m’autorise 1h45 pour parcourir les 15 derniers kilomètres. Je me ravitaille toujours de la même façon, en liquide uniquement depuis la mi-course. Dorénavant, je compte les ravitaillements restants : en sortant de celui de la Croix du Bac, il me reste 4 ravitos avant la ligne d’arrivée, dont un pointage au kilomètre 93. A chaque ravito, j’indique aux bénévoles que j’en suis à mon dernier tour : c’est pour moi une façon de fermer le chemin en quelque sorte derrière moi et de me convaincre que je vais y arriver.

 

Km 92 : le jour commence à se lever. J’attends encore un peu pour éteindre ma frontale. Sans elle, j’aurais été incapable de courir la nuit. Je découvrirai plus tard qu’Alain G et Stéphane M ont chacun couru sans frontale. Eux non plus n’avaient pas d’accompagnateur.

 

Km 93.33 : dernier pointage de la course, en 9h56. Je prends mon temps, demande la distance officielle pour me confirmer que je ne me trompe pas. Je repars doucement. Je suis certain d’accrocher les 10h45 maintenant. Je respecte toujours l’alternance marche-course. La transition de la course à la marche est pénible, et révèle mon état de fatigue générale. Depuis près de 8 heures maintenant, une douleur diffuse persiste dans mes épaules, plus précisément dans les trapèzes. La course ne fatigue pas que les jambes.

 

Km 96-99 : depuis le km 95, chaque kilomètre est marqué au sol. J’en ai marre. Il est temps que ca se termine. Après le dernier ravito, je suis rattrapé par un coureur et son accompagnateur. Je fais un peu le yoyo avec lui jusqu’à qu’au km 98, surtout à la faveur de mes portions marchées. Il parvient à accélérer un peu et me dépose vers le km 99. Je conserve mon allure et suis toujours la méthode Cyrano. Le chrono m’importe peu.

 

Km 99-100 : dans le dernier kilomètre, dans le village désert de Steenwerck, je saute la dernière portion de marche et cours jusqu’à la salle des sports. J’ai du mal à croire que je suis venu à bout des 100 km. L’entrée dans la salle des sports rend cette arrivée un peu plus solennelle. Je vérifie avec les bénévoles postés sur la ligne que j’ai bien terminé la distance complète avant de m’arrêter quelques mètres plus loin. Les quelques personnes présentes à cette heure matinale dans la salle des sports applaudissent. Le coureur qui m’a précédé est arrivé 45 secondes avant moi. Il s’étonne que j’aie réussi à terminer en 10h42 à ma première tentative sans accompagnateur. Il pense que je peux tomber sous les 10 heures avec un accompagnateur. Je n’y avais pas pensé du tout : un accompagnateur peut gérer le ravitaillement du coureur et lui épargner des arrêts aux tables. Un rapide calcul me montre que j’ai passé entre 30 et 40 minutes aux trente ravitaillements. A chaque passage dans la salle des sports, je me suis attardé environ deux minutes pour profiter de l’ambiance et pour me réchauffer un peu.

 

Immédiatement après l’arrivée, je m’affale sur une chaise dans la salle des sports, et je tente de récupérer. C’est la première fois que je m’assieds en plus de 11 heures. J’ai mal aux jambes, un peu comme à l’arrivée d’un marathon, mais en moins aigu. Je n’ai ni faim ni soif. Je commence à me refroidir. J’ai très peur de retirer mes chaussures et de constater les dégâts accumulés sur mes pieds. Au bout de vingt minutes, je me décide à récupérer mes affaires au vestiaire, et je demande à un kiné de me masser les jambes. Trois coureurs sont allongés sur les tables de massage, certains semblent dormir. Le kiné me fait retirer mes chaussures, et constate la présence d’ampoules énormes. Je n’ai pas mal, mais je n’ose même pas regarder. Il rafistole mes pieds comme il peut, en parant au plus pressé. Il me masse les jambes, et me préconise quelques mouvements immédiats pour retrouver ma capacité à plier les genoux. Pas de tendinite, à ma grande surprise.

 

Je me rends ensuite aux vestiaires pour me doucher. Je mets une bonne heure pour me déshabiller, me doucher et passer mes vêtements « civils ». Nous sommes plusieurs dans le vestiaire, et tous se meuvent très lentement, comptent leurs plaies et écoutent leurs douleurs. Je retourne dans la salle des sports et m’offre une bonne bière, comme après chaque marathon. Les résultats sont affichés, à mesure que les coureurs terminent, sur de grands panneaux. Je suis 19ième, en comptant les deux handisports. Mon classement final sera 16ième, en 10h42:44. Je constate une certaine densité entre 10h29 et 10h45, avec près de 6 coureurs qui finissent dans cette tranche de quinze minutes.

J’avise Alain G, arrivé second de la course du soir, en 8h57, à 6 minutes du vainqueur. Nous faisons un tour dans le village, à tout petits pas, comme deux très vieilles personnes. J’admire sa capacité à enchainer avec les 100 km de Vendée deux jours plus tard. Il me dit que j’ai bien géré ma course pour une première tentative sur la distance.

Un peu plus tard, une voiture de l’organisation me reconduit vers Bailleul, où je prendrai le train de 9h20 du matin vers Lille. Mon Eurostar est prévu pour beaucoup plus tard dans la journée : j’avais prévu large, au cas où je terminais en 15 ou 16 heures en mauvais état.

 

Je suis très satisfait de cette expérience. Contre toute attente, j’ai terminé en assez bon état. J’ai été capable de respecter le plan de course que je m’étais fixé, à savoir la méthode Cyrano. Je me suis alimenté continûment, du début à la fin. L’ambiance des 100 km de Steenwerck était très chaleureuse. Les bénévoles étaient charmants et aimables. J’ai aussi découvert une autre catégorie de coureurs, modestes et accessibles, bien loin de l’aspect « touristes » dont souffrent certains marathoniens. Bien entendu, j’ai déjà envie de retourner l’an prochain à Steenwerck, peut-être à nouveau pour la course de nuit, dont le principal avantage est de protéger des chaleurs du jour. Je ne pense pas courir un autre 100 km cette année. Enfin, on dit ça…

 

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  • : Marathon: les chiffres
  • : Le marathon, le 100km et le 24 heures par les chiffres. Ma pratique de la course à pied.
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Bilan 2014 au 7 février

  Sorties Km Temps
CaP 53 472 51h22
lo 4 91

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Kilométrage annuel

Année

CaP

Vélo

2006

1,470

0

2007

1,706

0

2008

631

0

2009

1,978

0

2010

3,298

0

2011

2,733

1,772

2012

2,691

2,166

2013

3,819

893

Archives

Courses et chronos

  Marathons Temps
  Seine-Eure 2006 3:42:46
  Paris 2010 3:17:49
  Seine-Eure 2010 3:14:38
  Paris 2011 3:48:25
  Luton 2011 3:28:32
  Brentwood 2012 4:09:19
  Luton 2012 3:38:52
 

Londres 2013 

3:34:44
  Harrow Track 2013 3:38:57
  Seine-Eure 2013  3:29:10
  100 km Temps
  Steenwerck 2011 10:42:44
  Theillay 2011 10:42:37
  Crawley 2012 11:45:33
  Redwick 2012 11:31:09
  Steenwerck 2013 11:42:04
  Tooting Bec 2013 10:15:20

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